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Category Archives: Art & Technologie

Lutherie virtuelle, arts numériques et poésie réelle

Dans les découvertes de 2016, il y a eu, au cours de « Péruwelz Ville des Mots », le spectacle de Laurence Moletta, joliment gantée par les mitaines de Numédiart.

Des pas pas perdus. Un couloir trop court.

En 2017, on espère une nouvelle performance de l’artiste dans un spectacle alliant encore poésie-chant-vidéo-théâtre-musique.

Meilleurs vœux pour 2017

Que cette année nouvelle puisse voir le développement de nos projets les plus inspirés!

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Panamarenko, Docteur Honoris Causa de l’Université de Mons

Ce vendredi 3 octobre 2014, j’ai eu le bonheur de présenter Panamarenko à l’occasion de la Rentrée académique de l’UMONS durant laquelle six titres de Docteur Honoris Causa ont été décernés. Cette cérémonie fut l’occasion de rappeler combien l’Université  tient à son rôle d’agent culturel au bénéficie de la société.

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Le Recteur Calogero Conti et le Docteur Panamarenko après la remise des insignes

 

Voici le discours que j’ai pu prononcer à cette occasion et dont le texte est enrichi de liens vers les images et vidéogrammes illustrant l’oeuvre de l’artiste Panamarenko.

Monsieur le Recteur,
Chers Collègues,
Dear International Guests,
Mesdames, Messieurs, en vos titres et qualités,
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M. Henri van Herwegen est né en 1940 à Anvers, première ville belge qui accédera au rang de Capitale Européenne de la Culture. Se jouant de l’équivoque qui peut naître entre le nom d’un général russe capté par hasard sur une radio qu’il bricole et celui de la plus prestigieuse compagnie aérienne américaine durant les années ’60, il adoptera très rapidement son nom d’artiste, Panamarenko: une manière sans doute de prendre pacifiquement le contre-pied de l’opposition Est-Ouest dans cette période marquée par la Guerre Froide.

Anti-conformiste, Panamarenko est une personnalité exceptionnelle du monde de l’art contemporain. Artiste ingénieur, son esprit et son œuvre vont développer pendant plus de 50 ans une célébration continue du mouvement.

Dès son adolescence, Panamarenko s’intéresse à la mécanique, il lit des ouvrages scientifiques, il se révèle très bon dessinateur ; il entre à l’Académie Royale des Beaux-Arts à Anvers. Il préfère toutefois se réaliser dans un travail plus technologique et s’intéresse à l’électronique et aux télécommunications. Après un intermède sous les drapeaux, divers happenings à Anvers le remettent sur la voie de l’art. Il y crée avec d’autres artistes une galerie d’art Wide White Space.
Tout s’enchaîne alors rapidement, les œuvres de jeunesse du début des années ‘60 suscitent l’intérêt mais Panamarenko se met alors à concevoir parallèlement à ses objets poétiques des engins plus ambitieux voués à l’exploration terrestre, maritime, océanographique, aérienne ou spatiale. Alors qu’il ne les considérait pas a priori comme œuvres d’art, ses amis le convainquent du contraire. La Prova Car, version poétique d’une voiture prototype dont l’aérodynamisme ne déparerait pas celle des prototypes actuels du Concours Shell Eco-Marathon, est la première œuvre du genre à être introduite dans une galerie. Das Flugzeug, avion-hélicoptère d’une envergure de 16 m, dont les deux rotors en polystyrène sont actionnés par des pédales, quitte son atelier en 1967 pour être exposé à Düsseldorf, et faire ensuite sensation à Eindhoven, New York, Berlin, …

Le bricoleur affine ses lignes, l’artiste prend son envol.

Ses réflexions et recherches insolites sur l’espace, la mouvance, le vol, l’énergie et la gravitation se font plus précises et débouchent sur des créations d’autant de bolides, de chaussures magnétiques, de sous-marins, de tapis volants, d’oiseaux, d’hydravions, de dirigeables ou de soucoupes volantes… Des constructions toujours oniriques, spectaculaires, étranges mais toujours ludiques et qui révèlent ses talents d’artiste prolifique et polyvalent.

Panamarenko a développé une œuvre originale, totale, dans le sens où l’objet final est valorisé non seulement dans sa réalité physique mais aussi dans le processus créatif impliquant esquisses, schémas, dessins, plans, maquettes : tous supports graphiques et matériels qui témoignent de la démarche de conception autant que l’objet d’art en lui-même.

C’est bien là le sens de l’appréciation d’une œuvre d’art : le plaisir d’une curiosité, d’une recherche, d’un développement, d’un cheminement. Ratures, ajouts, annotations, notes de calcul nous rappellent l’essence itérative, imprévisible, humaine du processus créatif. Nous partageons ainsi la dynamique de conception d’une œuvre qui nous implique dans son interprétation, nous devient plus accessible et nous interpelle davantage. Dans un monde matérialiste, trop souvent, le résultat, dans son état fini, seul, compte. Avec Panamarenko, il n’en n’est rien : le voyage prévaut sur la destination, la trajectoire s’apprécie davantage que le point d’arrivée, le développement lui-même porte autant de sens que la conclusion… comme dans nos formations universitaires où les cursus de formation et d’apprentissage s’avèrent prendre bien plus de valeur que le diplôme lui-même.

J’aimerais citer l’exergue d’un de ses ouvrages d’art destinés au public et qui porte un titre qu’envie mon syllabus de construction des machines : « Tekenen en rekenen », et que je me permets de traduire en français :

« On ne peut pas jouer avec les formules mathématiques tant que l’on ne comprend pas les fonctions. Cela prend des années pour comprendre ce que l’on fait ou réalise, parce que les puzzles abstraits sont plus difficiles que les projets. Et lorsque l’on parvient à la fin à démêler l’écheveau, apparaît, quelque chose de clair et précieux sur le fonctionnement des choses, un univers sans fin d’une diversité hors du commun. »

Dessinateur, peintre, sculpteur, assembleur, Panamarenko incarne l’artiste complet, s’investissant dans l’aboutissement d’un projet qu’il conduit intégralement de la génération de l’idée à sa matérialisation. C’est un artiste qui s’amuse en expérimentant et qui nous fait partager ce plaisir sans hermétisme et sans prétention. Sa capacité à relier, par le dessin et le calcul, concept et réalisation dans chacune de ses créations artistiques est emblématique d’une démarche de projet artistique où rien n’est dissimulé, révélant toute l’esthétique, la poésie et surtout l’esprit de l’œuvre.

Pour toutes ces raisons, nous nous réjouissons d’accueillir M. Panamarenko dans notre communauté universitaire et vous demandons, M. le Recteur, de lui remettre le diplôme et les insignes de Docteur Honoris Causa.

Voici quelques liens supplémentaires liés à l’actualité de Panamarenko:

D’autres photos et informations seront ajoutées dans les prochaines semaines…